Quand un prisionnier de guerre épouse sa fiancée, loin d'elle (Provence, seconde Guerre Mondiale)
J'avoue ne jamais avoir entendu pareille histoire. Évoquant ses parents, ma raconteuse me dit en riant : « Quelle date de mariage dois-je vous donner ? Mes parents eux-même ne savaient pas laquelle des trois donner aux administrations ! » N'était-ce pas une entrée intrigante ? S'agissait-il d'un remariage ? Et bien, non ! En voilà l'explication.
La guerre avait séparé les jeunes amoureux. Ils s'étaient fiancés avant le départ du jeune homme pour se promettre un bel amour, après les mauvais jours. Les jeunes gens correspondaient pour se soutenir mutuellement et adoucir le manque. Le soutien devint encore plus nécessaire quand le jeune homme fut fait prisonnier en Allemagne... L'inquiétude fut plus grande encore quand il entendit dire que les jeunes filles célibataires allaient être mobilisées pour soigner les mutilés au front. Pour protéger sa fiancée de l'horreur, il la demanda en mariage et l'union fut immédiate, ou presque. Un mariage en Allemagne, lui dans son camp de prisonnier sous la surveillance des gardes, réalisant un simulacre de cérémonie au bras d'un codétenu jouant la mariée, devant un prêtre prisonnier lui aussi. Un mariage en Provence, elle, au bras de son grand-père, dans son village, entre deux séances d’épluchages de légumes. Six mois ont séparé les deux cérémonies, le temps que le certificat de mariage arrive d'Allemagne. Et la troisième date ? Elle correspond au « vrai mariage », celui enfin réalisé dans les règles de l'art, quand les deux amoureux se sont retrouvés !
La raconteuse ne m'a pas dit si ses parents fêtaient leur mariage trois fois par an...
Image par Silvia de Pixabay