Pas de jeu avant d'avoir fait sa corvée! (Provence, milieu du XX°siècle)
Vivre à la campagne, c’était la liberté. Paul pouvait faire des courses de vélo jusqu’aux précipices des calanques, personne ne s'en inquiétait. Mais le départ pour l’aventure ne sonnait qu’une fois les corvées de la maison effectuées. Selon la semaine, et qu’importe la saison, il pouvait avoir à vider les pots de chambres, tirer l’eau du puits, nourrir les lapins, nettoyer le poulailler, ramasser des fagots de petit bois, vidanger le cagadou dans le potager… Si cette dernière tâche était la plus redoutée pour son odeur, il en était une autre qui l’avait marqué.
Un grand pin débité en billots avait été déposé dans sa cour pour préparer l’hiver. Pas question de rejoindre les copains tant que la tranche du jour n’avait pas été découpée. Chaque matin, avec un de ses frères, ils tiraient fort sur la lame de la loube encollée de sève fraîche. Chaque précieuse goutte de pétrole ne permettait pas de nettoyer la scie toutes les deux minutes. L’envie d’aller pédaler démangeait ses jambes, mais le regard sévère et les injonctions de son père le faisaient rester à sa tâche. La crainte de voir passer ses copains partir sans lui déployait son énergie, mais que c’était dur pour ce petit bonhomme !
Quand j’ai vu ma soupe chauffer péniblement, je me suis dit que nous étions chanceux de vivre dans le confort moderne. Nos aînés en rêvaient eux-même, mais ils doivent bien sourire de nous voir réfléchir aux gestes de sobriété qu’ils ont dû pratiquer par nécessité.
Au final, ma soupe a fini de cuire sur le gaz…
Et vous, que racontaient vos grands-parents de leur quotidien qui vous fait apprécier le vôtre encore plus ?
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